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Les électeurs devaient désigner publiquement et à haute voix le candidat de leur choix. Les organisateurs d'élection n'hésitaient pas à recourir à l'intimidation. Il y avait d'autres formes de corruption électorale. Elles étaient moins violentes et sont encore pratiquées de nos jours. Certains candidats distribuaient généreusement les rasades de rum et les cocardes. D'autres, plus scrupuleux, employaient leurs fonds électoraux à des oeuvres pies. C'est ainsi, par exemple, que l'avocat J.-A. Panet, député de la Haute-Ville de Québec, préféra, au cours des élections de 1792 et de 1796, secourir les pauvres et enrichir les corbeilles de noces. Les deux communiqués suivants sont extraits de la Gazette de Québec, 5 juillet 1792 et 23 juin 1796. Voir Fabre-Surveyer, "Les élections de 1792", Revue trimestrielle canadienne, 12 (1927): 1-19; Chapais, Cours d'histoire, 2: 41-83. ---------------------------- (1) Mr. Panet Avôcat ayant dit immédiatement après son Election de Représentant pour la haute ville de Québec, qu'il n'avoit point donné de Cocardes ni de liqueur avant ni pendant son Election, et qu'étant alors finie, il donnoit aux pauvres de la Haute Ville Cent Louis d'Or, qu'il prioit ses confrères Avôcats de distribuer aux plus nécessiteux, sans distinction de naissance, la dite somme faisant 450 piastres a été distribuée publiquement par les Avôcats dimanche dernier dans la Chambre d'audience, en présence de deux Magistrats, de plusieurs Ministres, et d'un grand nombre de nôtables Citoyens, après avertissements affichês en différentes langues, aux portes des Eglises et annoncé au Prône de la Messe paroissiale... 164 A Quebec, le 2 Aoust [sic], 1792. Berthelot Dartigny, Doyen des Avôcats. (2) Mr. l'Imprimeur, Immédiatement après l'élection je dis que j'avois été et étois encore fort opposé à ce qu'aux élections il fut donné du rum et des cocardes; mais que la Constitution devait produire de meilleurs, je priois qu'il me fût permis de faire un don à une personne inconnue, qui ne pourroit être suspectée que de bonne intention; et que je donnois cent piastres à la fille d'entre toutes celles résidentes dans la Haute Ville de Québec, qui la prémière y fera publier dans l'une des Eglises le premier banc de son mariage, et qui sera mariée. Ensuite William Grant, Ecuyer, élu dit aussi, que dans les mêmes termes il donnoit cent autres piastres à la fille qui sera la seconde publiée et mariée. L'Impression de ce dernier paragraphe seulement guidera les vrais intéressés, et les obligera beaucoup, ainsi que celui qui est sincèrement, Monsieur, Votre très humble et obéissant Serviteur, J.-A. Panet. Québec, 21 juin 1796.
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