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Les Patriotes de 1837@1838 - Mgr Plessis s'oppose à l'ingérence de Craig dans les cures (1811). Tiré de <i>Histoire du Canada par les textes</i>
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Mgr Plessis s'oppose à l'ingérence de Craig dans les cures (1811). Tiré de Histoire du Canada par les textes
Article diffusé depuis le 20 mai 2000
 




Sous le régime français, la nomination aux cures appartenait à l'évêque tout à fait indépendamment du gouverneur. Murray voulut assumer cette nomination afin, écrit-il, de tenir les prêtres dans un état de sujétion nécessaire et de diminuer la puissance de l'évêque sur eux. Les instructions royales réservèrent en principe de privilège au Gouvernement, mais, même si chaque année l'évêque dut soumettre aux autorité civiles la liste des obédiences, il continuera de nommer lui-même les curés. Il était toutefois à craindre que l'un ou l'autre des gouverneurs vînt à appliquer rigoureusement la lettre des instructions. Ce qui se produisit avec Craig, celui des gouverneurs anglais qui rappellent le plus l'autoritaire Frontenac il voulut augmenter la servitude de l'Église en faisant accepter par les autorités ecclésiastiques le droit qu'avait Sa Majesté de nommer aux cures. Il eut à ce sujet trois conversations avec Mgr Plessis: les 4 et 27 mai, le 1er juin 1811.

Mgr Plessis se vit offrir, en retour de sa soumission, le titre officiel d'évêque et de grands avantages pécuniaires: il refusa net. Lorsque Craig rappela qu'à la Havane un gouverneur anglais avait expulsé un évêque catholique qui persistait à nommer aux cures malgré les défenses, Mgr Plessis répondit; "Il ne me coûterait pas d'être mis à bord d'un vaisseau de guerre, plutôt que de trahir ma conscience." En ce domaine comme en d'autres, la politique de Craig fut désavouée par Londres, et, le 6 juin 1817, lord Bathurst annonce au gouverneur Sherbrooke que "Dr du Plessis" est reconnu formellement évêque de Québec. Aucun autre gouverneur ne s'arrogea par la suite le droit de nomination aux cures.

On trouvera le texte complet de ces conversations de Plessis avec Craig dans les Mandements des évêques de Québec, III: 59-72. Lire Caron, La colonisation de la province de Québec, 1791-1815, 265-292.

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Seconde conversation, lundi, 27 mai 1811: L'Évêque - [...] la nomination aux cures que [monsieur Sewell] voulait attribuer à la couronne.

Le Gouverneur - Hé! à qui prétendez-vous qu'elle doive appartenir?

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L'Évêque - A l'Évêque. Il est le père de famille, c'est à lui d'envoyer des ouvriers dans son champ.

Le Gouverneur - Oh! voilà un point que le Roi ne cèdera jamais, et si vous n'êtes point convaincu que c'est là une de ses prérogatives Royales, je n'ai plus rien à discuter avec vous.

L'Évêque - C'est un principe incontestable dans l'Église catholique qu'à l'Évêque seul appartient le droit de donner mission aux ouvriers évangéliques [...]

Le Gouverneur - Je ne vous conseillerais pas de refuser l'institution à celui que le gouverneur aurait appointé au nom du Roi; car il serait maintenu nonobstant cela.

L'Évêque - vous pourriez le maintenir en possession du temporel d'une cure. Mais ce n'est là que l'accessoire; et vous ne pourriez lui donner le pouvoir d'en remplir les fonctions spirituelles. Ou s'il n'y est pas propre, pourrais-je en conscience l'y autoriser ? Tout officier ne convient pas à tout poste.

Le Gouverneur - Il faut vous persuader qu'un gouverneur ne prendrait jamais sur lui de nommer une autre personne à une place, que celle que vous lui auriez désignée. C'est un de ces égards auxquels on ne manque jamais.

L'Évêque - De la part de Votre Excellence on pourrait attendre cette délicatesse. le retrouverait-on chez tous ses successeurs dans ce gouvernement ?

Le Gouverneur - Je le crois [...]

Le Gouverneur [après avoir fait remarquer qu'un curé "ne peut avoir d'existence légale, qu'autant qu'il serait appointé par le gouvernement" ajoute:] Et vous-même, quel maigre revenu avez-vous?

L'Évêque - Les revenus sont la dernière chose qu'un ecclésiastique doive rechercher. On règle sa dépense sur son revenu. Quand on a moins, on dépense moins. Le clergé catholique a souvent prouvé qu'il savait faire des sacrifices en ce genre [...]

Le Gouverneur - Je ne puis précisément vous dire à quelle époque le gouvernement commencera à prendre une part active à tout ceci. Mais assurément cela ne peut se différer longtemps. Qu'arrivera-t-il alors? que vous aurez manqué la plus belle occasion d'améliorer votre état, et que ce que vous semblez redouter, aura néanmoins lieu, comme si vous l'aviez demandé, mais avec des conditions beaucoup moins avantageuses pour vous. 177

L'Évêque - La religion est l'oeuvre de Dieu. J'espère qu'il la soutiendra dans ce pays et que nous tâcherons de mériter cette faveur par la régularité de notre vie, par notre loyauté sincère envers le gouvernement de Sa Majesté, et par notre application à bien remplir les devoirs de notre état [...]

Le Gouverneur - Assurément le gouvernement est très éloigné de vous maltraiter; mais il ne croira pas le faire en exigeant une prérogative dont le Roi ne saurait se dépouiller.

L'Évêque - le gouvernement considérera que les dix-neuf-vingtièmes des habitants de ce pays sont catholiques. Ce la mérite des égards.

Le Gouverneur - Nonobstant cela, souvenez-vous que la religion catholique n'est point établie ici; elle n'y est que tolérée aux termes de la capitulation de Montréal, et par les termes de cette capitulation nous ne nous sommes point obligés d'y admettre un évêque.

L'Évêque - L'article de la capitulation de Montréal concernant l'évêque, fut si mal proposé par nos pères, que le général anglais devait la négativer. Car il était absurde d'exiger que l'évêque continuât d'être nommé par le Roi de France, dans l'acte même par lequel la France cédait cette colonie à la Grande-Bretagne. Ce n'est donc point là-dessus que je me fonde pour espérer la continuation des faveurs que le gouvernement britannique a accordées jusqu'à présent aux catholiques du Canada, mais sur la libéralité de ce gouvernement, sur la dissipation de ses anciens préjugés contre les catholiques, sur l'adoucissement dont il a déjà usé envers ceux d'Irlande et d'Angleterre [...]

Le Gouverneur - Nous ne reconnaissons point d'Église Catholique.

L'Évêque - C'est sur quoi il ne m'est pas permis d'être de la même opinion que Votre Excellence. elle voudra bien me pardonner de l'avoir fatiguée par une si longue conversation. Je me retire dans la confiance que la divine Providence qui gouverne tout, ne permettra pas que l'Église du Canada soit privée de la liberté dont elle a joui jusqu'à présent. Je réitère que rien ne sera négligé de ma part ni de celle de mon clergé pour nous rendre de plus en plus dignes de cette faveur.

 




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