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Salut! Concitoyens, foulez la terre amie,
Foulez le sol sacré de la patrie!
Sur la plage lointaine, où le crime gémit,
Où le repentir pleure… un généreux proscrit,
Un Nelson, un Gauvin, un Masson, un Bouchette,
Noms de héros chantés sur la mâle trompette,
DesRivières, Goddu, Marchesseault et Viger
Dont les fronts plébiens, ceints du noble olivier,
Devaient courber plus tard sous le faix de la glore,
Pouvaient-ils dans la honte expier leur valeur?
L’égide de l’honneur
Protégeait leur mémoire!
Les tyrans ont pâli, souillés d’iniquité,
Et, près de s’engloutir sous les débris du trône,
Ils se sont moins joués des droits d’humanité;
Ah! c’est que dans la fange ils jetaient leur couronne!
Les fils des Canadas, amants de liberté,
Perdant leur vain espoir dans un sceptre insensé
Et d’un généreux sang rachetant leur patrie,
Bravèrent dans nos champs la mitraille ennemie;
O peuple! Jette un funèbre feston
Sur leur tombeau… bats le même clairon!
Couvre de drapeaux sombres
Les tombeaux et leurs ombres!…
Baise leur cendre sainte au fond de leur cercueil
Érige un monument qui fasse ton orgueil,
Leurs noms, en traits de feu, dans ta généreuse âme
Son gravés pour jamais!
Rois, vous portez en vain et le fer et la flamme
Si loin de vos palais!
Un roi doit-il régner sur un peuple d’esclaves?
Doit-il sous un vil joug courber les fronts des braves?
Martyrs sanctifiés par de mâles exploits,
Le trépas vous soustrait à de honteuses lois!
Le peuple honorera vos noms, votre mémoire,
Vos ombres avec lui chanteront la victoire!
O peuple! Jette un funèbre feston
Sur leur tombeau… bâts le mâle clairon!
Couvre de drapeaux sombres
Les tombeaux et leurs ombres!…
Mais vous, qui, dans l’exil, consumant de beaux jours,
Avez flétri vos pas dans la fange des crimes,
Vous, qu’un fer assassin réclamait pour victimes,
Que de vils ennemis, sanguinaires vautours,
Jetaient à l’échafaud, en ignoble pâture,
Vous avez affronté le fer et la torture
Et l’homicide bras souillé de déshonneur!
La peur n’a pas molli vos âmes généreuse :
(Dans le sein des héros il bat un si grand cœur!)
Si les destin rendit vos armes malheureuses,
Si Mars vous a ravi la palme des combats,
Si vous ne fûtes point les plus heureux soldats,
Vous êtes succombés du moins avec vaillance.
Un seul fils d’Albion et sept fils de la France
Que l’honneur fit soldats,
Qu’on vit briguer la gloire en tête des combats,
Payèrent dans l’exil leur valeur héroïque :
Ceignons-leur aujourd’hui la couronne civique!
O peuple! Tresse un glorieux feston,
Chante et bats le mâle clairon
Et de leurs pas chéris, oh! baise la poussière,
Devant eux, de respect, courbe ta tête altière!
Mise en texte : Mélanie Plourde
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