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Félicité de La Mennais naît à Saint-Malo le 19 juin 1782. Issu d'une famille bourgeoise enrichie par le commerce et la course, il est le quatrième de six enfants. À cinq ans, il perd sa mère. C'est alors sa sœur qui devra s'occuper de lui à La Chênaie, propriété des La Mennais à dix kilomètres de Dinan, où il passera son enfance. À vingt ans, il reçoit le sacrement de l'eucharistie. Son frère ainé Jean-Marie, qui embrasse aussi la prêtrise aura sur lui une influence importante tout au cours de sa vie.En 1808, Félicité de La Mennais publie son premier ouvrage : Réflexions sur l'état de l'Église en France en collaboration avec son frère Jean-Marie. Félicité se pose en réformateur et y présente une l'Église revivifiée. À l'âge de vingt-sept ans, il reçoit la tonsure et les ordres mineurs. En 1814, il part pour Paris où il se fixe aux Feuillantines. Après une retraite à Saint-Sulpice, il est élevé au sous-diaconat à la fin de 1815. Quelques mois après, il est fait diacre à Saint-Brieuc, où son frère Jean-Marie est vicaire général. Le 9 mars 1816 il est ordonné prêtre. Il fait alors l'apologie de l'ultramontanisme et de la liberté religieuse, face à l'Église gallicane. (LAMENNAIS, 1834 : IX) L'Essai sur l'indifférence en matière de religion qui assure sa gloire paraît en 1817. Successivement en 1824, il publie une traduction de l'Imitation, puis un nouvel ouvrage de critique sociale et religieuse : De la Religion considérée dans ses rapports avec l'ordre politique et civil. En 1828, il rédige Des progrès de la Révolution et de la guerre contre l'Église. Il fait de La Chênaie un centre spirituel et un institut religieux et fonde l'Ordre de Saint-Pierre à Malestroit, dans le Morbihan. En 1830, il regroupe la jeunesse libérale catholique autour du journal l'Avenir. Désavoué par Grégoire XVI (1832), il rompt avec Rome (1834) et incline vers un humanitarisme socialisant et mystique avec Paroles d'un croyant que plusieurs considèrent comme le fruit mûri de sa pensée (LAMENNAIS, 1834 : XVIII). Ayant quitté l'Église qui avait condamné son livre, Lamennais siège à l'Assemblée constituante de 1848. Il meurt à Paris, le 27 février 1854 et est enterré, sur son désir, dans la fosse commune. Les idées de Lamennais sont connues au Bas-Canada depuis la publication du premier volume de l'Essai sur l'indifférence (1817), et surtout à Saint-Hyacinthe, où demeurent des parents de Papineau. C'est par l'abbé de Calonne qui le cite dans un article envoyé à La Gazette des Trois-Rivières du 9 novembre 1819, que Félicité de Lamennais fait parler de lui au Canada. (LAMONDE,2000 : 98) Cet article inaugure le débat sur les orientations à donner à l'instruction publique en particulier et au libéralisme catholique en général (LAMONDE, 2000 :98). De plus, on enseigne au séminaire les doctrines philosophiques mennaisiennes. Certains professeurs sont d'ailleurs abonnés à la revue L'Avenir. (WHITE, 1983 :10) À la mi-décembre 1839, Lamennais publie un pamphlet sur " l'esclavage moderne ", dans un ton révolutionnaire et prophétique. Papineau, qui se trouve alors à Paris, admire et partage les théories démocratiques de Lamennais. Philippe-Eugène Guillemot présente Félicité de Lamennais à Louis-Joseph Papineau lors de son exil à Paris. Ils deviennent familiers pendant cette période (1839-1845). (WHITE, 1993 : 49) Le 26 décembre 1840, Lamennais est condamné à un an de prison et à deux mille francs d'amende, en plus de frais de procès. Il entre à Sainte-Palégie le 4 janvier 1841 et y restera un an. Louis-Joseph Papineau prend alors l'habitude de lui rendre visite à toutes les semaines. Nathalie Dubois
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