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Les Patriotes de 1837@1838 - de Lorimier, Chevalier François-Marie-Thomas (1803-1839)
 BIOGRAPHIE 
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de Lorimier, Chevalier François-Marie-Thomas (1803-1839)
Article diffusé depuis le 20 mai 2000
 




Descendant d'une vieille famille française qui demeure en Nouvelle-France après la Conquête de 1760, Francois-Marie-Thomas Chevalier De Lorimier naît le 27 décembre 1803 à Saint-Cuthbert (Berthier) dans le Bas-Canada. Il est le troisième des dix enfants de Guillaume-Verneil De Lorimier, un agriculteur, et de Marguerite-Adelaïde Perrault. Dans les années qui suivent, la famille De Lorimier s'établit à Montréal et, en 1813, le jeune De Lorimier commence ses études classiques au petit Séminaire de Montréal. En 1824, il débute un stage de clerc sous la direction de Pierre Ritchot, un notaire de Montréal. C'est avec ce dernier qu'il développe un intérêt particulier pour le notariat. Suite à son admission au notariat le 25 août 1829, il rédige son premier acte le 6 septembre suivant. Quelques jours plus tard, il s'installe dans une résidence du faubourg Saint-Antoine à Montréal, non loin de celle de ses parents. À la mort de son ancien patron et nouvel associé, M. Ritchot, il fait l'inventaire de ses biens. Entretenant quelques liens professionnels avec le notaire Jean-Marie Cadieux, il fait la rencontre de sa fille aînée, Henriette, avec laquelle il se marie le 10 janvier 1832. Par la suite, le couple s'établit rue Saint-Jacques où Henriette a reçu une maison en héritage à la mort de son père. Ils ont cinq enfants (quatre filles et un garçon) dont trois mourront en bas âge. Du côté professionnel, grâce à son intelligence, à sa grande intégrité et à son assiduité au travail, De Lorimier se fait une bonne clientèle (De Lorimier, 1988: 554). Ses actes notariés nous démontrent que ses clients sont surtout des membres des professions libérales (avocats, médecins, etc), des petits marchands, des artisans et des cultivateurs de l'île de Montréal. En 1837-1838, il abandonne sa famille, non sans peine, pour prendre une part active aux rébellions de 1837-1838.

Selon son testament politique, " il prend une part active en politique à partir de l'âge de 17 ou 18 ans, soit dès 1821 ou 1822 " (De Lorimier, 1996: 56). Avec le temps, le jeune Chevalier devient de plus en plus idéaliste. " Comme tous les hommes qui aiment leurs pays [...] avec l'ardeur des coeurs jeunes et enthousiastes, De Lorimier se mêle de bonne heure de politique et d'affaires publiques " (Fabre, 1996: 85). Éternel partisan de Papineau, il désaprouve fortement les politiques du gouverneur Dalhousie et des Conseils exécutif et législatif. D'ailleurs, on peut voir son nom sur la pétition envoyée en décembre 1827 au roi George IV d'Angleterre, qui dénonce les politiques abusives du gouvernement colonial. " Son activité de notaire et son zèle politique font bientôt de De Lorimier un membre influent de la petite bourgeoisie montréalaise et une personnalité proche du groupe des dirigeants patriotes " (De Lorimier, 1988: 554). Durant l'élection partielle de 1832 dans la circonscription de Montréal-Ouest, il est un ardent partisan de Daniel Tracey, candidat irlandais du Parti patriote. D'ailleurs, il est presque blessé lors de l'émeute du 21 mai 1832 lorsqu'une balle tirée par un soldat de l'armée britannique brise le manche de son parapluie. Lors des élections générales de 1834, il joue un rôle important en soutenant les candidats du Parti patriote qui sont favorables aux Quatre-vingt-douze Résolutions. Rapidement, il s'insurge à l'annonce des 10 Résolutions de lord John Russell en mars 1837, notamment sur le droit du Conseil exécutif à utiliser le trésor public du Bas-Canada sans l'approbation de l'Assemblée législative. Durant l'été de 1837, on le voit à plusieurs assemblées patriotes où il tient souvent le poste de secrétaire. Parmi celles-ci, soulignons celle du 15 mai 1837 à Montréal où il est nommé, avec George-Étienne Cartier, cosecrétaire du Comité central et permanent du district de Montréal, et celle du 29 juin suivant tenue au même endroit où il est nommé secrétaire. Il est aussi présent lors de la célèbre assemblée des Six-Comtés le 23 octobre 1837 à Saint-Charles.

Membre de l'Association des Fils de la Liberté, il est blessé d'une balle à une cuisse au cours de l'affrontement du 6 novembre 1837 contre les membres du Doric Club. Le 15 novembre, il arrive avec ses frères Chamilly et Gédéon à Saint-Eustache, dans le comté des Deux-Montagnes, où il vient se placer sous les ordres du Dr Jean-Olivier Chénier et du général Amury Girod. Organisant la résistance des insurgés de ce comté, il est présent lors de l'historique bataille du 14 décembre 1837 à Saint-Eustache. Croyant la cause désespérée et après avoir conseillé à Chénier d'abandonner la lutte, il se dirige vers Saint-Benoît d'où il part avec quelques Patriotes vers Trois-Rivières, traversant le Saint-Laurent et les Cantons-de-l'Est pour arriver aux États-Unis après plusieurs jours de marche. Suite à son passage à Montpellier, dans le Vermont, il se rend à Middlebury le 2 janvier 1838 avec plusieurs chefs Patriotes dont Papineau, O'Callaghan, R. Nelson, Brown, Côté, Brien, Malhiot, Rodier, Chartier, Gagnon et d'autres pour discuter d'une possibilité de réaliser une nouvelle insurrection au Bas-Canada. Il est avec Robert Nelson à Caldwell's Manor le 28 février 1838 lors de la Déclaration d'indépendance du Bas-Canada mais, à son retour aux États-Unis, il est arrêté pour avoir violé la neutralité américaine, puis acquité peu de temps après par un tribunal favorable aux Patriotes. Il voue le restant de son temps à organiser le mouvement insurrectionnel de l`Association secrète des Frères chasseurs. Il est rejoint en mai 1838 à Plattsburgh par sa femme Henriette qui demeure à ses côtés jusqu'au mois d'août. On le charge d'organiser le soulèvement dans les comtés des Deux-Montagnes (qui ne bougera pas en 1838) et de Beauharnois.

En fait, les historiens fournissent peu d'informations sur le rôle précis de De Lorimier lors de l'insurrection de 1838. Selon l'historien L.-O. David, dans la nuit du 3 au 4 novembre 1838, De Lorimier se trouve à Beauharnois quand les Patriotes de la région s'emparent du manoir seigneurial d'Edward Ellice avec le Dr Brien et lors de la prise du bateau à vapeur Henry Brougham avec F.-X. Prieur. D'autres nous apprennent qu'il agit en qualité de brigadier général lors de ces événements. Quoi qu'il en soit, il a un rôle plus administratif que militaire selon plusieurs Patriotes. D'après son dernier compagnon de cellule à la prison de Montréal, François-Xavier Prieur: " De Lorimier n'a jusque-là pris aucune part active, du moins à [sa] connaissance ". Après les événements du 4 novembre 1838, les Patriotes de Beauharnois attendent en vain les ordres de Nelson. Le 7 novembre, il prend avec Prieur le commandement d'un groupe de 200 hommes pour apporter des renforts aux Patriotes du camp Baker, à Sainte-Martine, menacés par l'approche d'un régiment d'infanterie (De Lorimier, 1988: 556). Suite à la défaite de Robert Nelson à Odelltown, il part se réfugier vers les États-Unis, mais est arrêté avant d'atteindre la frontière, le matin du 12 novembre 1838. Amené à pied à la prison de Napierville, il est transféré le 23 novembre à la nouvelle prison de Montréal au Pied-du-Courant. Son procès pour haute trahison avec 11 autres condamnés a lieu le 11 janvier 1839 devant le conseil de guerre présidé par le major John Clitherow. Leurs avocats, Lewis Thomas Drummond et Aaron Philip Hart, ne pouvant plaider à la Cour, " De Lorimier se défend avec acharnement, dans une salle remplie de bureaucrates assoiffés de sang. Il procède aux contre-interrogatoire des témoins, les amène à se contredire et conteste toutes les preuves réunies contre lui " (De Lorimier, 1988: 556). Mais grâce à la déposition du Dr Brien, les autorités le trouvent coupable à l'issue du procès, le 21 janvier 1839. Malgré une lettre envoyée à la femme de Colborne par Henriette, la femme de De Lorimier, qui implore sa clémence, on le condamne à être pendu par le cou jusqu'à ce que mort s'en suive. On fixe le jour de son exécution le 15 février 1839. La veille, il assiste au repas donné en l'honneur des condamnés. À la fin de celui-ci, il porte un toast: " À mon pays! Puisse-t-il ne jamais oublier que des braves ont sacrifié pour lui leur vie sur l'échafaud. J'ai vécu patriote. Je meurs patriote " (Fabre, 1996: 99). Dans la nuit du 14 au 15 février 1839, il rédige plusieurs lettres à des amis et à sa femme. À 11h00 du soir, il écrit son testament politique qui se termine comme suit: " Quant à vous mes compatriotes! Puisse mon exécution et celle de mes compagnons d'échafaud vous être utiles [...] Pour eux, je meurs sur le gibet de la mort infâme du meurtrier, pour eux je me sépare de mes jeunes enfants, de mon épouse, sans autre appui que mon industrie et pour eux je meurs en m'écriant: Vive la liberté, Vive l'indépendance " (De Lorimier, 1996: 57). Le matin du jour fatidique, c'est F.-X. Prieur qui aide De Lorimier à faire sa toilette de condamné. Vers 9h00, il monte sur l'échafaud avec Charles Hindenlang, Amable Daunais, François Nicolas et Pierre-Rémi Narbonne. Puis, vient la mort. " De Chevalier De Lorimier il ne reste plus sur la terre qu'un corps inerte et une mémoire impérissable. L'un peut tomber en poussière, l'autre sous la garde de l'histoire immortelle " (Fabre, 1996: 104). On inhume le corps de De Lorimier dans une fosse de l'ancien cimetière catholique de Montréal. En 1858, ses cendres sont transférées au MONUMENT dédié aux victimes de 1837-1838, dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges.

Selon le North American, De Lorimier est de taille moyenne, le teint brun, les cheveux et les yeux noirs. D'après L.-O. David, un visage ovale aux traits réguliers caractérise cet homme de coeur et d'imagination. Comme les Chénier, Perrault, Duquette, Cardinal, Hindenlang et plusieurs autres, De Lorimier est un martyr dont le nom doit être conservé dans la mémoire collective. Il est " l'un des Patriotes les plus convaincus du succès du mouvement insurrectionnel " (De Lorimier, 1988: 557). Amoureux de la liberté et de la justice, il y a une sincérité dans ses convictions que l'on ne retrouve que chez très peu de gens. " Ses lettres prouvent que jamais coeur plus tendre, plus dévoué, plus admirable ne battit dans une poitrine de Patriotes, que jamais victime ne fut plus pûre, plus digne de la reconnaissance d'un peuple " (David, 2000: 299). " Son plus grand mérite est d'être allé au bout de son idéal politique et de son engagement révolutionnaire, au prix de sa propre vie " (De Lorimier, 1988: 557).

Jonathan Lemire

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DAVID, Laurent-Olivier. Les Patriotes de 1837-1838. Montréal, Comeau & Nadeau, 2000, Édition originale parue en 1884. 360 pages.; DE LORIMIER, Chevalier. Lettres d`un condamné à mort. Texte établi, présenté et annoté par Jean-François Nadeau, Montréal, Comeau & Nadeau, 1996. 115 pages.; DE LORIMIER, Michel. " Lorimier, Chevalier De ", DBC. Volume VII de 1836 à 1850: U.L. et U.T.P., 1988 :553-557.; FABRE, Hector. Esquisse biographique sur Chevalier De Lorimier. 1856. 33 pages.; FAUTEUX, Aegidius. Les patriotes de 1837-38. Montréal, Éditions des Dix, 1950.; SENIOR, Elinor Kyte. Les habits rouges et les Patriotes. Montréal, vlb Éditeur, 1997, Édition originale parue en 1985 sous le titre Redcoats and Patriots. 313 pages.

Saint-Cuthbert (Berthier) 1803

Montréal, 1839

(34 ans en 1837)

Le plus illustre des douze pendus laisse un testament politique au ton prophétique

notaire

Après avoir fait un cours d'études classiques, de Lorimier commence sa cléricature en 1824 sous Pierre Ritchot. En août 1829 il est admis notaire. En 1832 il épouse la fille de J.M. Cadieux. De Lorimier s'implique d'abord dans la turbulante élection dans le Quartier Ouest de Montréal en 1832. Il fut secrétaire de la grande assemblée de Saint-Laurent, le 15 mai 1837, puis de celle du 29 juin. Le 15 novembre, traqué par la police, de Lorimier se rend dans le comté de Deux-Montagnes pour y participer à la résistance autour de Chénier et Scott. Il est à Saint-Eustache le 14 décembre, mais réussit à se réfugier à Saint-Benoît. De là, il gagne Trois-Rivières, puis la frontière américaine en passant par les Cantons-de-l'Est.Il est de retour au Canada dès février 1838, accompagnant Robert Nelson lors de sa Déclaration d'indépendance. Lors de la prise d'armes du 3 novembre 1838, il commandait à Beauharnois comme brigadier-général. Ayant recu l'ordre de venir joindre, à Napierville, le corps principal de l'armée patriote, de Lorimier s'y dirigea avec ses troupes et ses prisonniers. Dans la nuit du 12 novembre il est fait prisonnier à proximité de la frontière américaine. Incarcéré à la prison de Montréal, il est condamné à mort le 11 janvier 1839 et pendu le 15 février suivant avec quatre autres suppliciers. Avant de mourir, il écrit une série de lettres à ses amis et à sa famille empreintes d'un haut sens moral.

af

 

Recherche parmi 16 491 individus impliqués dans les rébellions de 1837-1838.

 



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