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Les Patriotes de 1837@1838 - <i>The Canadian Vindicator.</i> Analyse d'un journal patriote anglophone
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The Canadian Vindicator. Analyse d'un journal patriote anglophone
Article diffusé depuis le 20 mai 2000
 




Fondé par Daniel Tracey en 1828, le Vindicator est " l'un des plus fougueux organes antigouvernementaux " (Chapais, 1923 : 151). Tracey, John Thomas et E.B. O'Callaghan se succédèrent au poste de rédacteur en chef. Le journal parut sous plusieurs noms: The Irish Vindicator and Canada General Advertiser de sa fondation jusqu'en février 1829, the Irish Vindicator and Canada Advertiser la même année, the Vindicator jusqu'en novembre 1832, puis finalement the Vindicator and Canadian Advertiser.

L'Irlandais Tracey, au Canada depuis 1825, fonde d'abord le Vindicator pour doter la Society of the Friends of Ireland d'une voix qui défendrait ses intérêts et parlerait en son nom. Cette société oeuvrait à lever des fonds afin de soutenir le député Irlandais Daniel O'Connell au Parlement britannique. Avec l'abolition du serment de Test en 1829, l'utilité d'une telle société et de son journal fut remise en cause. La Society of the Friends of Ireland disparut donc, laissant le Vindicator orphelin d'une cause à défendre. Cependant, la disparition du Canadian Spectator de Jocelyn Waller, consécutive au décès de ce dernier, permit à Tracey d'élargir la vocation de son journal pour s'adresser enfin à l'ensemble de la communauté irlandaise (Vernay, 1994 : 38). La disparition du Canadian Spectator privant le Parti patriote d'une voie d'entrée dans la communauté anglophone, ce dernier entreprit de faire du journal de Tracey son nouvel organe officiel de langue anglaise. C'est pourquoi, en mai 1829, l'appellation " Irish " fut abandonné et que Tracey vendit une partie de ses titres de propriété du Vindicator à un groupe formé de Ludger Duvernay, Denis-Benjamin Viger, Édouard-Raymond Fabre, Jacob de Witt et quelques membres de la famille Perrault (Vernay, 1994 : 49). C'est ainsi que Tracey se consacra à la politique canadienne, " pour défendre la cause irlandaise et appuyer les revendications des Canadiens français " (Beaulieu, Hamelin, 1965 : 165).

Tracey fut élu député de Montréal-Ouest le 21 mai 1832 dans le cadre d'élections marquées par l'intervention de l'armée britannique qui fit trois morts chez les partisans patriotes. Dans son numéro du lendemain, le Vindicator titrait West Ward Election : Horrible Massacre !! (The Vindicator, 22 mai 1832). L'éditorial condamne les " meurtres militaires " et dénonce la façon dont le pouvoir public fut utilisé par des intérêts partisans. Il ne s'agit pas là du premier texte acerbe de Tracey, un éditorial de janvier 1832 lui ayant déjà coûté 35 jours de prison (Beaulieu, Hamelin, 1973 : 65). Deux mois suivant son élection, Daniel Tracey fut terrassé par le choléra. É.-R. Fabre se porte alors acquéreur du Vindicator. John Thomas est nommé au poste de rédacteur, mais est remplacé l'année suivante par le docteur Edmund Bailey O'Callaghan. Ce dernier, membre haut placé du Parti patriote, radical proche de Papineau, poursuit avec fougue l'œuvre de Tracey (Beaulieu, Hamelin, 1973 : 65). Son premier éditorial porte d'ailleurs sur la nécessité d'obtenir le contrôle de la liste civile à l'Assemblée législative et le principe d'électivité des paliers supérieurs de l'administration coloniale (Vernay, 1994 : 64-65). Le Vindicator joue un rôle important dans la mobilisation des Irlandais de Montréal en vue des élections de 1834. Il défend les Quatre-vingt-douze Résolutions et les présente à la communauté irlandaise comme étant la seule voie envisageable pour la défense de leurs intérêts. C'est donc grâce à cette presse partisane et articulée que Papineau et Nelson furent élus dans Montréal-Ouest par une majorité de 32 voix (Vernay, 1994 : 87). Jusqu'en 1837, le Vindicator joua le rôle d'organe anglophone officiel des positions Patriotes, dans le même esprit que La Minerve de Duvernay. Adversaire du Montreal Gazette et du Quebec Gazette de John Neilson, ils se livrèrent à de nombreux débats éditoriaux tournant autour des Quatre-vingt-douze Résolutions et des abus de pouvoir des bureaucrates de Québec, mettant en doute les propos de l'autre (The Vindicator, 17 octobre 1834). Il existe une collaboration officieuse entre le Vindicator d'O'Callaghan et le Constitution de Mackenzie au Haut-Canada. Les deux rédacteurs s'adonnent à une correspondance régulière et à un échange d'articles d'éditoriaux (Vernay, 1994 : 135). Au printemps 1837, le Vindicator condamne les résolutions Russell et prend une part active dans les événements de l'été 1837. Il se fait le porte-parole des assemblées anticoercitives et en publie des comptes-rendus (The Vindicator, 16 mai); il fait de même pour les réunions du Comité central et permanent. Dans son éditorial du 1er septembre, O'Callaghan lance un appel à la mobilisation et affirme que " Lord Gosford has not yet see the end of the storm he has aroused ", faisant ici référence à la proclamation faite le 15 juin interdisant les assemblées patriotes. Le Vindicator couvre en octobre l'Assemblée des Six-Comtés et défend la Confédération qui en découle. Finalement, O'Callaghan endosse le mouvement des Fils de la Liberté et annonce la réunion du 6 novembre.

Le 6 novembre 1837, suite aux affrontements entre les Fils de la Liberté et le Doric Club, des membres de ce dernier, après avoir assiégé la maison de Papineau, prirent d'assaut les locaux du Vindicator, saccageant les bureaux, les divers DOCUMENTS s'y trouvant et brisant les presses (Vernay, 1994 : 134). Un dernier numéro sera imprimé le 9 novembre sur les presses de La Minerve de Duvernay.

François Bellemare

BEAULIEU, André et Jean Hamelin. Les journaux du Québec de 1764 à 1964, tome 6, Québec, PUL, 1965.; BEAULIEU, André et Jean Hamelin. La presse québécoise des origines à nos jours, tome premier 1764-1859, Québec, PUL, 1973.; CHAPAIS, Thomas. Cours d'histoire du Canada, tome IV 1833-1841, Québec, Librairie Garneau, 1923.; TRACEY, Daniel et Edmund Bailey O'Callaghan, The Vindicator.; VERNEY, Jack. O'Callaghan; the Making and Unmaking of a REBEL, Ottawa, Carleton University Press, 1994..

 

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