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Les Patriotes de 1837@1838 - Chevalier de Lorimier : contribution à l'histoire du costume à l'époque des rébellions. Par Francis Back
 ANALYSE 
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Chevalier de Lorimier : contribution à l'histoire du costume à l'époque des rébellions. Par Francis Back
Article diffusé depuis le 19 octobre 2011
 


Illustration et copyright : Francis Back

Tiré de Cap-aux-Diamants : la revue d'histoire du Québec, n° 81, 2005, p. 66. 
 SOURCE : http: id.erudit.org/iderudit/7130ac

Le costume du Chevalier de Lorimier, selon les descriptions de trois tories que lui et ses hommes  ont capturés, entre le 4 et le 7 novembre 1838. Son habillement tranche avec les représentations souvent folkloriques que l'on se fait des patriotes. Nous connaissons les traits de Chevalier de Lorimier par un portrait que Jean-Joseph Girouard fit de lui dans la prison de Montréal.

Le 15 février 1839, à neuf heures du matin, à la prison de Montréal, le chef patriote Chevalier de Lorimier monte avec assurance sur l'échafaud. On l'avait entendu dire : «Je suis prêt à verser mon sang pour le pays qui m'a vu naître». Il a été jusqu'au bout de ses convictions. On l'enterrera dans une fosse commune à l'endroit où se trouve aujourd'hui le Square Dominion.  

De notaire à patriote

François-Marie-Thomas-Chevalier de Lorimier (nommé le plus souvent Chevalier de Lorimier ) est né à Saint-Cuthbert, le 27 décembre 1813. Son père, agriculteur, descendait d'une famille de vieille noblesse française. Chevalier de Lorimier, après des études au petit séminaire de Montréal, est reçu comme notaire, en 1829.

Dans son testament politique, rédigé à l'approche de son exécution, Chevalier de Lorimier affirme qu'il s'engage dans la politique active dès l'âge de dix-sept ou dix-huit ans. En mars 1837, quand les résolutions de lord Russel viennent signifier une fin de non-recevoir aux revendications du mouvement patriote, Chevalier de Lorimier se lance dans l'organisation de la résistance armée. On le retrouve à la bataille de Saint-Eustache, le 14 décembre 1837, mais sentant le vent de la défaite, il se réfugie aux États-Unis.

Sans travail et sans moyens, Chevalier de Lorimier se plonge néanmoins avec fougue dans les préparatifs du second soulèvement. Il aurait alors reçu le titre de brigadier général de l'armée patriote, mais ce fait reste à prouver. Le 7 novembre 1838, Chevalier de Lorimier prend la tête de 200 hommes et il se dirige vers le camp patriote de Sainte-Martine menacé par les troupes anglaises. Les patriotes parviennent à repousser une attaque menée par un détachement de l'armée régulière. Cette maigre victoire est vite assombrie par l'annonce de la défaite des patriotes à Odelltown et de l'arrivée de deux bataillons de troupe en provenance du Haut-Canada. C'est la débandade.

Le 12 novembre 1838, Chevalier de Lorimier est arrêté alors qu'il tente une fois de plus de trouver refuge aux États- Unis. Condamné à mort, le Chevalier de Lorimier rédige avant son exécution une série de lettres, qui sont un témoignage émouvant sur un homme prêt à donner sa vie pour un idéal. En pensant avec douleur à sa jeune épouse et à ses deux filles qu'il laisse dans la misère, il écrit néanmoins, quelques heures avant sa mort, pour elles, «je meurs en m'écriant : "Vive la Liberté! Vive l'Indépendance!"»

Le mythe vestimentaire patriote

L'imagerie populaire du patriote nous le montre immanquablement coiffée d'une tuque et vêtu d'un capot serré à la taille par une ceinture fléchée. Ce cliché origine notamment de l'œuvre de l'illustrateur Henri Julien (1851-1908) qui a contribué à forger cet archétype du patriote avec ses dessins.

Les historiens ont aussi participé à ce cliché en présumant que le mouvement patriote en encourageant la population à consommer des produits du pays, dont les textiles, faisait implicitement la promotion du costume rural et traditionnel des Canadiens français. Or, cela n'a jamais été le cas.

Au contraire, le mouvement patriote souhaite faire entrer le Bas-Canada dans l'époque moderne en contrôlant de manière démocratique les deniers publics et en créant des industries qui briseraient la dépendance de cette province à l'égard des produits manufacturés en Angleterre.

Le fait que plusieurs chefs patriotes se déguisent en «habitants» pour échapper à leur arrestation, dont Louis-Joseph Papineau, nous montre bien que le costume traditionnel canadien-français n'est pas associé de près au mouvement insurrectionnel.
Chevalier de Lorimier vu par les témoins.

Selon une description publiée dans un journal américain, en 1839, Chevalier de Lorimier était de «taille moyenne» et il avait le «teint brun», les cheveux et les yeux noirs. Il semble avoir été affligé d'une vue fragile, car on mentionne à plusieurs reprises qu'il portait généralement des lunettes dont les verres à double foyer étaient teintés en vert.

Trois témoins à charge lors du procès de Chevalier de Lorimier nous ont livré des informations sur le costume qu'il portait entre le 4 et le 7 novembre 1838. Ces descriptions offrent parfois de légères variantes; nous mentionnons ici les éléments qui semblent faire consensus et que nous utilisons pour reconstituer l'apparence de ce chef patriote lors des «troubles » de 1838. Les trois témoins, William Cousins, Alexander Thomson et le lieutenant Hyde Parker, s'entendent pour dire que Chevalier de Lorimier était coiffé d'un casque de fourrure et que son cou était couvert par un foulard. Il portait une vareuse de marin (pea-jacket, bleu foncé, solidement boutonné et dont il gardait le col relevé. À sa taille, on note une ceinture bleue. Son pantalon était de couleur foncée. Tous s'accordent pour dire que Chevalier de Lorimier était armé d'un sabre. Ce symbole d'autorité semble avoir été prisé par les chefs patriotes, car on le mentionne souvent dans les descriptions qui les concernent. En effet, le port du sabre devient un fait incriminant lors du procès de certains chefs patriotes, puisque cette arme les désigne implicitement comme des leaders militaires de la rébellion.

Le sabre que nous mettons dans les mains de Chevalier de Lorimier est dit du «modèle 1796 de cavalerie lourde». Un pareil sabre aurait été utilisé par le chef patriote Wolfred Nelson. Cet objet est aujourd'hui conservé au Musée du Séminaire de Sherbrooke.

 Francis Back;  duba@aei.ca;  66 CAP-AUX-DIAMANTS, N° 81, PRINTEMPS 2005

 

Recherche parmi 16 491 individus impliqués dans les rébellions de 1837-1838.

 



Consulté 6640 fois depuis le 19 octobre 2011
 kevin  (10 mai 2012)
chevalier de lorimier semble-t-il regretter les actes qui l'on fait condamner? pouquoi, selon vous?

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