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Les Patriotes de 1837@1838 - Le mandement de Lartigue dans la presse francophone
 ANALYSE 
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Le mandement de Lartigue dans la presse francophone
Article diffusé depuis le 29 juin 2010
 




En octobre 1837, le Bas-Canada est au bord de la rébellion. Les mouvements patriotes et loyaux s'organisent et se radicalisent. Les loyaux envisagent de plus en plus le recours aux armes afin de freiner l'évolution du mouvement patriotes. Tout le monde se sent concerné par la situation mais, jusque là, le clergé catholique s’était tenu à l'écart du débat politique. Le 25 juillet 1837, Jean-Jacques Lartigue, Monseigneur de Montréal, aurait « […] donné à ses curés des directives de la plus haute importance dans les circonstances actuelles.» (FILTEAU; 1937; 294) Aucun texte ne prouve ce discours de Lartigue, mais La Minerve du 27 juillet réagit en disant au clergé « […] de se renfermer dans les bornes de leurs attributions et de ne pas se mêler de politique.» (FILTEAU; 1937; 294) Tandis que de son côté l'Ami du peuple intitula un article sur les propos de Lartigue «La Religion contre M. Papineau» dans son édition du 26 juillet. (FILTEAU; 1937; 294) Les bases du début sur l'intervention du clergé dans les questions politiques sont mises lors de cette première percée médiatique des opinions de Mgr. Lartigue. «Le 24 octobre, dans un mandement aux fidèles de son diocèse, l’évêque de Montréal condamna l’action des chefs patriotes, en se basant sur la doctrine biblique du pouvoir divin des autorités civiles légitimes. » Pour la première fois, une autorité ecclésiastique prenait position pour une des parties du conflit bas-canadien. Les curés du diocèse devaient lire le mandement. Les réactions de ceux-ci ont été multiples, plusieurs même eurent peur des mauvais effets de sa lecture et trouvèrent un moyen de le lire avec une pointe de mépris ou durant le vacarme de la fin de la messe. Certains ne le lirent tout simplement pas. «Beaucoup de Patriotes eurent un accès de rage et l'évêque commença à recevoir des lettres de menaces, si bien qu'il songea un instant à vider les lieux pour se réfugier à Québec.» (FILTEAU; 349) Le débat renaissait, l'Église devait telle se mêler de politique ou bien se taire. Il est évident que ce débat prit d'assaut l'opinion publique et les journaux qui la véhiculent.

Fidèle à son habitude, l'Ami du peuple se plaça du côté des constitutionnels. Dans le numéro du 30 octobre 1937 on peut lire :
«Depuis longtemps nous attendions quelques démarches de la part des autorités ecclésiastiques, nous étions surpris que dans ces temps de trouble et de désordre l'église ne vint point interposer sa puissance bienfaisante et faire des efforts pour arrêter les malheurs qui menacent le peuple; nous avons eu satisfaction de voir que si noire attente a été un peu longue elle n'a pas été vaine et que le chef de l'église de Montréal vient de se prononcer d'une manière qui n'est nullement équivoque[...]»
La posture du journal est clairement favorable à l'intervention de Mgr Lartigue. Cependant, il ne croit pas que l'évêque de Montréal se mêle ainsi de politique mais plutôt d'un enjeu moral. «Si la politique se bornait ici à des discussions parlementaires ou à des discussions de gazettes, si chacun selon son opinion s'efforçait de faire triompher son parti, sans porter atteinte à l'ordre public et à la morale, nous sommes assurés que notre clergé ne songerait nullement à intervenir[...]» Dans les événements récents les actions de boycottage afin de priver l'administration coloniale avaient substituer celles uniquement politiques. Les formes de résistance avaient débordé de la Chambre d'Assemblée et c'est au nom de cette nouvelle situation que, selon l'Ami du peuple, Mgr Lartigue se devait de se prononcer contre cet affront à l'ordre établi. «Ce n'est pas en effet sous le rapport politique que le clergé et l'évêque de Montréal envisagent la question des affaires du jour, c'est sous le rapport moral et religieux, et certes ils en ont le droit.»

La Minerve représente les idées du mouvement patriote. Voilà ce que l'on peut lire dans son numéro du 30 octobre 1837 :
«Comme gardien de la morale chrétienne sans invitation aucune de la part du pouvoir exécutif, sans l'espoir de récompense qu'il repousse, monseigneur se dit forcé de dire quelles sont les maximes de la morale chrétienne. Il cite nombre des textes bien connus et souvent répétés pour dire : qu'il faut être soumis aux puissances: au prince; et qu'il n'est pas permis de se révolter.» Le journal reconnait le principe invoqué par l'Église  : «Vous avez raison et nous sommes d'accord, mais malheureusement vous oubliez qui a commencé la rébellion! Vous ne vous rappelez pas que c'est cette puissance exécutive à laquelle vous prêchez obéissance et soumission? Vous êtes assez au fait des événements du jour pour savoir que c'est la puissance exécutive qui s'est rebellée contre la loi, [...].»  La Minerve convient que le mandement peut protéger une certaine forme de morale chrétienne mais déplore la soumission à l'exécutif qu'elle considère comme responsable de l'agitation populaire pro-patriote. Pour La Minerve, le mandement de Lartigue défend l'agresseur au détriment de l'agressé et prône «Soumission et obéissance passive à la puissance, au prince, au gouvernement.»

Pierre-Olivier Leclerc

 

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